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Abdoulaye Cissé : Un virtuose de la guitare

mercredi 20 janvier 2010

La musique fait partie des fondamentaux culturels de la vie d’une nation. Les 40 ans de musique de Addoulaye Cissé sont une occasion de revenir sur son parcours et celui de sa génération. Musicien de talent, il est en plus, un artiste multidimensionnel. Les autres arts tels que le théâtre, le cinéma ne lui sont pas étrangers. 40ans de créativité, plusieurs années aussi au service de la jeunesse par le biais de l’instruction artistique. Des moments également d’intrusions dans l’animation à la Radio.

"L’enfant est le père de l’homme" disait le philosophe. Abdoulaye Cissé est un exemple typique de cette assertion. Au cours élémentaire à Banfora quand il avait 9 - 10 ans, il fréquentait déjà les groupes musicaux de cette ville. Quand le ballet national de la Guinée avec à sa tête Fodéba Keïta est venu prester à la cité du paysan noir du temps où il était enfant, il eut le plaisir d’assister à ce spectacle. Plus tard au cours moyen quand il était avec son oncle instituteur Moumouni Sissao, le père de la musicienne Awa Sissao, lui aussi grand amateur de la musique,il l’accompagnait aux répétitions. En 6è au cours normal de Koudougou, Abdoulayé Cissé interprétait Dalida et les musiciens de la vague yé-yé au cours des manifestations culturelles de l’établissement. Pour l’amour de la belle mélodie, il apprend tout seul la guitare et celui qui l’inspirait était le gentleman Vickey.

En effet GG Vickey est l’artiste qui a bercé les jeunes des années des indépendances. Ses airs pleins de mélancolie rappellent des souvenirs inoubliables aux dandys des années 60. A propos de cet artiste monumental dont les notes de guitare et la voix irradiaient toute l’Afrique francophone, Oger Kaboré ethnomusicologue et musicien dit ceci : "Tous les musiciens de notre génération étaient sous l’emprise de GG Vickey. Ses textes biens construits enveloppés des belles notes de sa guitare nous inspiraient". Soutient-il. Abdoulaye Cissé est épris de la musique mais cela n’empiète pas négativement sur ses études. La preuve, il n’a redoublé aucune classe. Dans les années 68-69, il est déjà dans la vie active. Instituteur de profession, il sert en campagne mais intègre malgré tout le prestigieux orchestre Super Volta. Cela ne va pas se faire sans couac. Il essuie les brimades de ses supérieurs sans broncher mais s’arrange pour être toujours dans la capitale les week-end pour jouer avec son orchestre. Dans cette formation musicale, il joue ses propres compositions celles du congolais et du mandingue.

En son temps la Guinée et le Mali étaient en pôle position sur le plan musical. La musique de ces deux pays était prisée par les mélomanes. Chez le "Fama" Sékou Touré, il y avait le Silly orchestre le Bembeya jazz, Balla et les balladins , Kélétigui et ses Tambourinis, le guitariste de charme Kanté Fasseli mort dans un accident d’avion et la grande voix de l’Afrique, Sory Kandia Kouyaté décédé le 25 décembre 1977. Au Mali, chez le général "Bazin", Moussa Traoré, il y avait le Rail Band, les Ambassadeurs, le Super Djata Band et le Super Bitton de Ségou. Cissé a marqué la génération de la fin de la décennie 60 et du début des années 70. Quel est ce scolaire ou cet étudiant de ces années qui ne se rappelle pas Mili my love, Maria Chérie ou l’homme à la guitare ? La justification de l’intérêt que la jeunesse portait sur ses chansons était que l’amour est plein de romance. Les artistes sortaient des bonnes écoles et la langue de Molière n’avait aucun secret pour eux. Oger Kaboré avoue qu’à l’époque, il était inconcevable pour un chanteur de chanter sans rien dire. Pour lui, cela est même lié à la tradition africaine. La musique en Afrique doit véhiculer un message. Pour ce qui est de la thématique de l’amour, Abdoulaye Cissé avance que c’est le sujet le plus simple qu’un musicien puisse chanter.

C’est le vécu de tous les jours. Même si ce n’est pas soi-même un proche peut être confronté à ce problème de sentiment dont certains aspects sont relativement opaques. Quant à Oger Kaboré, les contextes diffèrent et les générations n’ont pratiquement pas les mêmes soucis. A l’époque, selon le chercheur musicien, les gens étaient moins angoissés et étaient pleins d’espoir. On avait idéalisé l’amour que la belle expression de ces sentiments prenait le pas sur l’éventualité des étreintes physiques entre homme et femme. Comme dirait quelqu’un, les romances et les câlins entretenaient l’amour. La sexualité n’était que son couronnement.

L’Afrique dans ses compositions

Mais l’homme à la guitare ne chante pas que l’amour. L’Afrique fait partie de ses thèmes de prédilection. "Farafina" les "Vautours" sont des chansons illustratives de la thématique de l’émancipation du continent, berceau de l’humanité dans son répertoire. Parlant de la colonisation en image, il qualifie les colons dans sa chanson de vautours. Il pense que c’est la dissection de l’Afrique en Etats nains qui est la cause de notre dénuement. Depuis que les vautours ont foulé le sol de la mère Afrique les habitants de la cité recherchent encore ce qu’ils ont perdu. Ce qu’ils avaient le plus cher au monde a disparu avec ses vautours. Artiste multidimensionnel, en plus de la musique, Abdoulaye Cissé est un homme de théâtre. Il a fait la scène avec la troupe Mutuelle nouvelle génération, a écrit des pièces et joué avec la troupe théâtrale de la Radio nationale. Dans le domaine du 7e art il y joue un rôle non moins important en composant les musiques des films. La musique du film Saraouinya du Mauritanien Mède Hondo a été composée par lui. Ce film a remporté l’Etalon de Yennenga.

"Contact artiste" une émission pour artiste en devenir

Il a composé des chansons pour bandes dessinées. On ne peut parler de Abdoulaye Cissé et de ses différentes facettes sans évoquer l’émission contact artiste et de l’animateur Karim Konaté. Cette émission a contribué en partie à le révéler au grand public. Oger Kaboré se souvient de la première fois qu’il entendait la voix de Abdoulaye Cissé à la Radio. "J’écoutais l’émission Contact artiste, un soir. J’entendais pour la première fois la voix de Abdoulaye Cissé. Depuis je suis resté admiratif de ses textes. Ses textes étaient d’une rare beauté. Les notes de sa guitare aussi étaient de belle facture." Souligne-t-il. L’artiste du haut de ses 40 ans d’expérience apprécie positivement l’évolution de la musique burkinabè. Il reconnaît qu’il y a des surdoués parmi les jeunes artistes qui sortent de bons produits. Des structures de production sont également des acquis pour la musique. Mais il avoue que certains de ses cadets font dans l’approximation. Pour l’encadrement, il a du mal à s’en défaire. "Chasser le naturel, il revient au galop." Ce dicton lui colle à la peau. Sa formation initiale au cours normal était l’enseignement. Il s’en était débarrassé mais des Petits chanteurs à l’orchestre municipal de Ouagadougou, on le voit toujours sur la brèche de l’instruction.

Jean-Baptiste Aouetou, un de ses protégés et lead vocal de l’orchestre municipal soutient qu’il est agréable de travailler avec lui. Il se force selon le jeune musicien à casser les barrières générationnelles. Il dit avoir eu son soutien quand il enregistrait en studio. Les hommes de demain qui est une de ses chansons, doit figurer dans son album. Jean-Claude Bamogo son co-chambrier à Dapoya ne tarit pas d’éloges à l’endroit de Cissé. Depuis la période de Super Volta, ils sont toujours restés amis. Une vie artistique bien remplie dirait-on mais l’odyssée a dit Cissé continue. En musique a-t-il indiqué, on ne finit jamais d’apprendre. On ne finit pas non plus de partager sa connaissance avec les autres. Pour lui témoigner leur sympathie, les camarades de Aboubacar Demba Camara,le Bembeya qu’ il avait du plaisir à reprendre au Super Volta et au Suprême Kombemba étaient de la fête. Ils ont égayé le public venu communier avec lui pour ses 40 ans de vie musicale.

L’artiste au service de la Révolution

En 1983, peu après la prise de pouvoir par les capitaines, le président Thomas Sankara confie le projet de mise en place de deux orchestres à Abdoulaye Cissé. Il s’agissait de mettre en place un orchestre des enfants, les petits Chanteurs au poing levé et les Colombes de la Révolution. Il œuvre dans cette tâche avec Maurice Simporé accompagné de certains instrumentistes de l’orchestre Harmonie Voltaïque. Il s’agit du regretté Henri Yoni guitariste, de François Tapsoba actuellement membre de l’orchestre nationale et de bien d’autres musiciens. C’est ainsi qu’un jour de 1986, Thomas Sankara demande à Cissé de composer une chanson pour la semaine nationale de la culture de la même année. Le Président du Conseil national de la Révolution (CNR) étant lui-même guitariste avait déjà composé la mélodie. Cissé n’avait pour travail que de mettre du texte dans cette mélodie. L’artiste dit avoir enregistré cette œuvre au Bureau Burkinabè de droit d’auteur (BBDA) en son nom et au nom de Thomas Sankara. En voici quelques couplets
 Sur la route de Bobo mon cœur palpite déjà de joie c’est bon signe

 Nous serons tous au rendez-vous les musiciens, les danseurs et même les sculpteurs.

 Ils vont changer l’univers en un paradis

 Carrefour de la culture du Burkina c’est le Bobo soir.

 Dans la symbiose, dans la diversité au festival au carnaval Bobo, c’est mon bonheur. Bobo aux nuits endiablées oui nous voila.

Abdoulaye Cissé, Homme de Radio

Le besoin de proximité avec Ouagadougou avait fini par le convaincre de passer un test organisé par la Radio nationale. Après son admission, il y rentre comme animateur au service des programmes. Il exécute les tâches quotidiennes telles le Réveil musical et l’animation des tranches d’antenne. Il crée par ailleurs des émissions comme Satellite 2000, la Carte du monde et plus tard Komakan. Toutes étaient des émissions culturelles. Avec des animateurs comme Jean-paul Hilaire, Eric Congo… Abdoulaye Cissé a fait le bonheur des auditeurs de la décennie 70 et du début des années 80. Pour ce qui concerne les structures pionnières qui ont travaillé à l’éclosion musicale dans le temps, il y a le Club voltaïque du disque (CVD) dont l’initiateur Adama Ouédraogo, douanier de son état dans le temps était en plus un mordu de musique .Il y avait volta discobel qui était la propriété d’un Nigérian. Au niveau de la Radio, Zoundi David Félix dit "Kaklababzamssé" technicien de la Radio a œuvré beaucoup pour la musique. A l’aide du Nagra aujourd’hui en passe de tomber en désuétude, il enregistrait les œuvres musicales de belle facture avec bonheur. Quand bien même le travail était fastidieux n

Par Merneptah Noufou Zougmoré

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