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Sécurité routière : Ousmane Sawadogo, un modèle d’engagement citoyen

vendredi 14 septembre 2018

Sur le Boulevard des Tansoba (route du SIAO) autrefois appelée « la circulaire », Ousmane Sawadogo s’investit volontairement pour la régulation de la circulation. À travers son Association Faso one village (AFOV), il mobilise autour de lui 45 jeunes bénévoles pour fluidifier le trafic. Ce vendredi 7 septembre 2018, nous nous sommes rendu sur son lieu de travail pour le voir faire ce qui est devenu pour lui une passion.

Ouagadougou se réveille. La ville grouille de monde, de partout. Il faut rejoindre son lieu de travail. Comme dans un scénario de sauve-qui-peut, les riverains se disputent les routes étroites de la capitale. Voitures, surtout engins à deux roues, tricycles, charretiers... se côtoient, souvent difficillement. Ce, malgré les feux tricolores censés faciliter la mobilité. L’incivisme aidant, les accidents se comptent à la pelle. « J’ai dit non, il faut faire quelque chose », se rappelle Ousmane Sawadogo.

Dans ce contexte, des initiatives privées poussent. Ousmane Sawadogo, tout de vert vêtu, avec des gants blancs, est au milieu du carrefour de Katr-yaar. D’un signe de la main, aidé par des coups de sifflets, il facilite la circulation en ces lieux très fréquentés.

Ce manège, il le répète tous les jours, avec une quarantaine de jeunes réunis au sein de l’Association Faso one village (AFOV). Cette initiative, c’est Ousmane Sawadogo qui l’a eue depuis 2011. Dans six carrefours de la ville de Ouagadougou, ils participent à la régulation de la circulation. Ainsi, on les retrouve aux carrefours de l’hôpital du district de Bogodogo, Kossodo, Paglayiri, Zone 1 ; aux feux tricolores du Scolasticat à Wemtinga et principalement au carrefour de Katr-Yaar.

Une autre corde à l’arc de l’association

L’association dont Ousmane Sawadogo est le fondateur, a vu le jour en 2008, avec pour objectif de planter des arbres dans les établissements pour que les enfants aient de l’ombre pour étudier. « J’ai pu planter des arbres dans quatre établissements, j’ai fait le nettoyage dans les cimetières », note-t-il. À l’époque conducteur de taxi, il assistait impuissant aux accidents de la circulation, souvent mortels.

« Comme j’avais déjà mon association, je me suis dit que c’était mieux d’étendre mes activités à la régulation de la circulation pour réduire les accidents », explique-t-il. Ainsi, il s’est formé en s’inspirant des gestes des policiers quand ils régulent la circulation. Une fois les gestes maîtrisés, il les a aussi appris aux jeunes qui travaillent avec lui.

Ainsi, c’est avec une communication gestuelle bien maîtrisée que Ousmane Sawadogo et ses partenaires se font comprendre aisément par les usagers pour passer, marquer un arrêt, ralentir, suivre une déviation afin d’éviter un accrochage.

Les débuts n’ont pas été simples, reconnaît l’ancien conducteur de taxi, qui avoue avoir essuyé des injures et autres manques de respect de la part des usagers. Mais depuis, la donne a changé. Hama Bancé, un usager, estime que l’association abat un travail remarquable. « Je pense l’association fait un bon travail dans la mesure où cela nous permet d’éviter les embouteillages, surtout aux heures de pointes, et de réduire du coup les accidents de la route », apprécie-t-il.

Pour sa part, Assétou Déra note qu’il faut encourager ces volontaires car, pour elle, n’eut été leur présence, les usagers ne respecteraient pas le code de la route.
Des difficultés rencontrées...

Les difficultés que l’Association Faso one village rencontre, c’est surtout le manque de partenaires financiers pour l’accompagner. « Actuellement, nous n’avons qu’un seul partenaire qui nous soutient financièrement depuis deux ans. C’est une brasserie de la place », confie Ousmane Sawadogo.

Notre interlocuteur, qui a dû arrêter ses études après son échec à l’examen du Certificat d’aptitudes professionnelles (CAP), déplore le fait que les entreprises burkinabè ne s’intéressent pas à ce genre d’activité. Il en veut pour preuve la suspension du soutien dont il bénéficiait de la part d’une cimenterie burkinabè. En plus, les assureurs, qui devraient à son sens les accompagner en premier, ont été approchés à maintes reprises sans succès. L’association vit donc des dons des usagers et de l’unique partenaire.

Ni l’État, ni la mairie ne verse un quelconque soutien à l’association dont l’utilité ne fait l’ombre d’aucun doute pour les Ouagavillois. Pis, l’État prélève, tous les trimestres, plus de 200 000 F CFA sur la somme octroyée par le partenaire.

Une autre difficulté pour l’association, c’est que les membres ont besoin d’être formés. Pour cela, Ousmane Sawadogo indexe l’État auprès, de qui il a demandé une formation au profit de son association. Une demande restée sans suite. Selon le fondateur de l’AFOV, cette formation devrait lui permettre d’avoir une attestation qui lui faciliterait la recherche de partenaires.

Des propositions pour règlementer la circulation

Ousmane Sawadogo est bien conscient que sa seule association ne peut éradiquer le problème de l’incivisme sur les routes de la capitale. Il invite donc l’État à prendre des mesures drastiques pour que les usagers respectent le code de la route. « Il faut que désormais la police retire les engins de tous ceux qui de passent les feux tricolores avant de s’arrêter et les ’mater’ pour qu’ils sachent que tout le monde doit respecter le code de la route », tranche-t-il.

Comme perspective pour l’AFOV, le fondateur ambitionne d’avoir un siège, encore faudra-t-il disposer d’un terrain. Dans ledit siège, Ousmane Sawadogo compte construire une auto-école où il va former les enfants au code la route, leur donner une éducation civique et cultiver un jardin dont l’exploitation permettra de supporter les dépenses de l’association.

Fabougué Sougué (Stagiaire)
Lefaso.net

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