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Accueil > Culture > Artisanat : Malick Zoungrana, l’homme qui transforme les pneus en objets d’art

Artisanat : Malick Zoungrana, l’homme qui transforme les pneus en objets d’art

LEFASO.NET | Par Yvette Zongo

mercredi 17 avril 2019

Amoureux d’art depuis son enfance, Malick Zoungrana, puisque c’est de lui qu’il s’agit, s’est taillé un nom dans le milieu du recyclage des pneus. Une matière qu’il transforme en divers objets d’art. Parti d’un hangar, il a créé depuis près de sept ans un atelier dénommé Macore (Maison négro-africaine d’art contemporain). Un atelier dans lequel il mène ses différentes activités. Zoom sur cet artiste qui a révolutionné la récupération du pneu au Burkina Faso.

Malick Zoungrana dit Macore, a l’art dans les veines. Ce passionné d’art, d’une quarantaine d’années, marié et père de cinq enfants, a fait de la transformation de pneus en objets d’art son gagne-pain depuis maintenant une trentaine d’années. C’est dans ce métier que monsieur Zoungrana s’est taillé un nom au Burkina et au-delà des frontières du pays, à travers son atelier Macore (Maison négro-africaine d’art contemporain de recyclage). Paris, Milan, Yaoundé, Dakar, Niamey, Cotonou, etc., toutes ces villes d’exposition n’ont plus de secret pour cet amoureux d’art.

C’est lui qui fait vendre le nom du Burkina Faso à l’extérieur grâce à son savoir-faire qu’il met dans la récupération du pneu. Avec cette matière, il obtient des objets d’art comme des fauteuils, des tables, des chaises, des pots de fleurs, des sacs à main, des chaussures, des pots à bijoux, etc. Autant d’objets époustouflants obtenus en mélangeant le pneu à d’autres matières comme le bois.

Artiste, un rêve d’enfance réalisé

Malick Zoungrana, le revolutionnaire du pneu en pelin travaux

Du bricoleur qu’il était à l’artiste plasticien confirmé qu’il est aujourd’hui, Malick Zoungrana semblait, depuis son enfance, prédestiné à l’art. Et selon ses dires, son père, lui-même, lui répétait cela, parce qu’il avait toujours le sac d’école plein d’objets de récupération ramassés pour le bricolage de jouets, de pétards, etc. ; des objets qu’il vendait aux enfants de son âge.

En plus de cela, « je coupais également les pneus des véhicules et vélos que je commerçais avec les femmes pour leur feu de cuisine. Ce qui me permettait de me faire de l’argent », explique-t-il en riant. N’ayant pas eu la chance d’aller à « l’école des Blancs », cet autodidacte dont les études coraniques ont tourné court à cause de l’art, ne regrette pas le choix qu’il a fait. « Et l’artiste que je suis devenu aujourd’hui, c’est un rêve d’enfance qui s’est réalisé », avoue-t-il avec fierté.

De la fabrication artisanale

Ayant débuté sous un hangar dans un marché de Ouagadougou, l’artiste plasticien, au fil des années, a pu se créer un atelier digne de ce nom au quartier Cissin, un atelier qu’il a nommé Macore (Maison négro-africaine d’art contemporain de recyclage). Malick Zoungrana y emploie une dizaine de jeunes. À l’atelier, tout le travail de récupération se fait à la main, c’est-à-dire artisanalement, avec du matériel comme le couteau, la scie, le marteau... ; du matériel que l’artiste a lui-même fabriqué.

Dans cet atelier, monsieur Zoungrana dit y trouver son bonheur. Macore fonctionne de 6h à 18h. « Et il faut aimer ce que l’on fait pour pouvoir faire un tel métier qui demande autant de force physique, de la technique et de l’imagination », révèle l’artiste. Son inspiration, il la tire des choses qu’il rencontre chaque jour dans la société, a-t-il confié.

Les artistes plasticiens manquent de financements

Même si Malick Zoungrana arrive à vivre de son art, les difficultés ne manquent pas. Car les Burkinabè de façon générale n’aiment pas l’art et les objets issus de la création artistique ne sont pas valorisés sur le marché, a affirmé l’artiste. « Des objets qui sont pourtant très bien appréciés ailleurs. Et en tant qu’artiste, il faut forcement attendre les expositions à l’extérieur ou attendre l’arrivée des étrangers pour pouvoir vendre les objets qui sont créés », a-t-il regretté.

Au-delà de cette difficulté, Malick Zoungrana parle du manque de financements spécifiques pour l’accompagnement des artistes plasticiens. Car, selon lui, dans la plupart des secteurs, l’État octroie des financements d’accompagnement, sauf dans l’art plastique. Pourtant, cet art contribue aussi au développement du pays à travers les créations et les emplois qu’il offre aux jeunes. Dans d’autres pays d’Afrique, des fonds sont alloués aux artistes plasticiens sous forme de prêts, ce qui leur permet de vivre de leur métier. « Pourquoi ne pas le faire ici ? », s’est-il questionné.

Malick Zoungrana cite à titre d’exemple le Cameroun. À l’en croire, ce pays a pris des mesures pour empêcher toute entrée, sur son sol, de tout objet pouvant être fabriqué sur place. Des mesures qui ont permis de faire la promotion des objets artistiques, ce qui a été une opportunité pour les artistes, parce que leurs créations sont valorisées et appréciées dans le pays. Et ces exemples peuvent être aussi appliqués au Burkina, propose-t-il.

En attendant des mesures d’accompagnement, l’atelier Macore fait son petit bonhomme de chemin.

Yvette Zongo
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