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Accueil > Diasporama > François 1er : Le Burkinabè qui bouscule la mode européenne

François 1er : Le Burkinabè qui bouscule la mode européenne

mercredi 20 janvier 2010

Parti du Burkina en 1969, c’est un périple fait de lauriers mais aussi de labeurs qui conduira François 1er dans le domaine très sélect de la mode européenne. L’un des quelques rares noirs à réussir ce pari, l’homme n’en prend toutefois pas la grosse tête, chaque deux mois environ, l’artiste revient se ressourcer au Burkina et même, il vient d’y ouvrir un atelier de production.

Ces vêtements sont vendus partout en Europe. De la France où il est installé, François 1er de son vrai nom François Yaméogo est un véritable ambassadeur de la culture. Ses productions vestimentaires en Faso dan fani et autres matériaux du Burkina s’arrachent comme “des bouteilles d’eau en période de sécheresse“. Il possède aujourd’hui un atelier de production et une boutique de vente à Paris, qui emploie six personnes. Vous l’imaginez peut-être ; il a fallu du chemin et de la combativité pour en arriver là, d’autant plus que son séjour à l’école ne fût pas très long.

C’est l’école Centre de Koudougou qui accueille François Yaméogo en 1961. Il y fera son école primaire jusqu’en 1968. Après l’école primaire, le jeune François quittera sa ville natale de Koudougou pour la Côte d’Ivoire. Il fera la dure expérience des petits boulots que bien de Burkinabè vivent au bord de la lagune Ebrié à cette époque. C’est là qu’il découvrira le monde de la couture et de la mode. Pendant 5 ans, il apprendra et se découvrira en même temps qu’un grand intérêt, un don pour la confection de vêtements.

Mais la soif de l’aventure et le perpétuel désir de découvrir d’autres cultures et façons de faire le pousseront à quitter la Côte d’Ivoire pour le Sénégal en 1974. Là, il se perfectionne pendant quatre ans auprès des meilleurs couturiers de la capitale sénégalaise. Mais il faut croire qu’il est destiné à de plus grandes tâches. Cette fois ci, c’est la France qui l’accueille, et nous sommes en 1978.

Dur dur pour un africain de se faire un trou en France. François Yaméogo en fera la dure expérience. « J’ai connu des moments très très difficiles », avouera t-il. Le revoilà qui renoue avec les petits boulots, avec en prime les éternelles tracasseries liées au “papier“. Mais monsieur Yaméogo est déterminé et garde en tête son premier objectif, qui est de se faire un nom dans le monde très select de la mode, qui plus est, la mode européenne. Pour ce faire, il suivra des cours de modélistes et stylistes.

Le succès au bout de l’effort

Le talent étant en lui-même une publicité, plusieurs sociétés très renommées se disputeront les services du burkinabè. Il occupera plusieurs postes de responsabilités comme celui de chef de production au “Sun City“, puis à la “GSD DNL“, tous des références de la mode européenne à l’époque, avant de créer sa propre marque en 1992. Ce label, il le nommera François i, faisant référence à son propre patronyme qui est Yaméogo. Mais, parce que la voyelle i, est écrite en majuscule, les clients qui pensaient qu’il s’agissait du chiffre 1, ce sont mis à l’appeler François 1er ; d’où le nom de cette célèbre marque qui ne cesse de se répandre partout en Europe.

François 1er débutera avec une ligne jeune et sexy, un style dit “plutôt dans la maille“. Mais très vite il diversifiera ses offres ; Il se lancera alors dans la création de ligne de sportwear, des joggings, des sweet, et cela jusqu’en 2000. C’est à cette époque que naîtra sa collection destinée aux femmes, faite de jupes, de tailleurs, de robes, et autres parures féminines. C’est cette ligne quia connu un véritable succès au dernier SIAO.

Pas facile, la vie de famille…

Divorcé à plusieurs reprises, François 1er n’est pas très prolixe sur cette partie de sa vie. Il l’explique par le fait que le métier de la mode est très prenant. Toutefois, cet amoureux de la mode est heureux père de trois garçons dont l’aîné a 26 ans et le cadet 8. Quant à savoir s’il aimerait que ses enfants fassent le même métier que lui, monsieur Yaméogo est catégorique : “Le même métier, mais pas la même chose“. Il espère que le label François 1er qu’il a créé puisse grandir et conquérir beaucoup plus d’espace. Il espère que ces enfants puissent y contribuer, sans que ce ne soit pour lui une impérative nécessité.

La famille est quelque est une chose qui détermine cet artiste au grand cœur ; issu d’une grande famille de près de 50 enfants, il en a gardé l’esprit de partage qui le caractérise. « Comprenez que l’on ne peut pas être issu d’une telle famille et ne pas aimer partager », confiera t-il. Il est en effet difficile de faire preuve d’égoïsme ou de jalousie dans de tels cas. Cet esprit de partage et de famille peut d’ailleurs s’avérer être un handicap, comme nous le souligne l’artiste : « Parce que l’on est habitué à l’esprit de famille, on n’arrive pas à se passer des autres, on a toujours envie de les impliquer, alors qu’eux ne sont pas dérangés de vous écarter ».

Patriote convaincu, François 1er sursaute à la moindre évocation du nom “Burkina Faso“. Il veut apporter son concours au développement du pays. Sa première phrase, quand nous l’avons rencontré fût : « Il faut que chaque Burkinabè, au niveau de compétence qui est le sien, de l’intérieur ou de l’extérieur, puisse contribuer de façon efficace au développement de son pays, et que cette contribution soit reconnue ».

Depuis peu, François 1er a mis en place un atelier de production à Ouagadougou. Il avoue qu’au départ, les productions de cet atelier étaient destinées à l’exportation, mais au vu de la demande sur place, il s’est vu obligé, mais heureux, de pouvoir les satisfaire. Cet atelier à Ouagadougou emploie 15 personnes. Quant à savoir quel projet nourrit notre “roi de France“, il répond sourire aux lèvres : “Aller à 20 km de Koudougou, sur 10ha, élever des chèvres et des chevaux“.

C’est un Homme qui donne beaucoup de lui-même, que nous avons laissé dans un de ses deux stands au SIAO, entouré de clients mais aussi de partenaires, et d’admirateurs venus le féliciter pour son travail. Ces dernières paroles lourdes de sens sont : “chaque deux mois je reviens au Burkina, parce que c’est là que je retrouve la créativité et l’imagination. En Europe, l’industrialisation a pris le pas sur la créativité, ce qui me fait penser que l’avenir de la mode est africain“.

Hermann Nazé

Lefaso.net

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