C’est en côte d’ivoire, alors qu’il y était allé voir ses parents qu’Eric Ky découvre le pain ghanéen fourré. De retour au pays, il décide avec Zakaria Bonané, étudiant en fin de cycle en Sciences économiques et de gestion(SEG) de tenter l’expérience, convaincus que sans les moyens, il est impossible de poursuivre les études. « Nos parents sont loin de nous et avec la situation en côte d’ivoire, l’aide de leur part était devenue rare. La souffrance donne des idées. Nous avons entrepris de faire quelque chose pour soutenir nos études » avance-t-il.
Pour eux, les débuts, à l’entendre, n’ont pas été faciles ; les gens les prenant pour des plaisantins, voyant d’un mauvais œil, des jeunes et de surcroît des étudiants vendeurs de pain. Mais Eric et son coéquipier n’ont pas désarmé. Ils ont su surpasser les mauvaises langues pour continuer l’activité. Le plus dur a été l’acquisition de la machine qui coûte 90.000 FCFA et ne se trouve pas sur le marché national. Mais, avec leurs petites économies ils l’ont fait venir de la Côte d’ivoire. Partis avec une seule machine, ils en sont maintenant à trois machines, preuve que l’activité se fructifie. Les trois points de vente s’animent. Dans la matinée devant la maison du peuple, le soir devant deux grands maquis de la ville.
Une micro-entreprise pour poursuivre sereinement les études
Très prisé par les consommateurs, le pain anglais de Eric Ky rencontre vite du succès. Il raconte, l’air enthousiaste « nous faisons souvent des recettes de 40 à 50 000 FCFA par jour en fonction du marché. Il nous est même arrivé de vendre 100.000 FCFA en une journée ». « Les vendeurs de pain » sont devenus des employeurs. Avec ces résultats promoteurs, Ils ont formé 5 autres jeunes pour intégrer le business. 4 étudiants et un élève. « Tous sont salariés et reçoivent 50.000 F CFA le mois ». Des revenus mensuels que les étudiants boursiers du premier ou deuxième cycle, à plus forte raison ceux bénéficiant du FONER (Fonds national pour l’éducation et la recherche) ne perçoivent pas. Le succès de cette activité ne va-t-il pas les détourner des études ?
L’étudiant en droit se veut rassurant, « nous ne perdons pas de vue les études. Nous travaillons en fonction de l’emploi du temps de chacun. Actuellement je prépare mes examens. Je me mets donc en retrait pour bosser. Ce travail, nous le faisons pour que chacun puisse avoir de quoi survenir à ses besoins et financer ses études afin d’avancer sereinement ». Quand on a le souci de manger, s’habiller, se soigner et payer le loyer, il est difficile d’avoir l’esprit aux études, renchérit-il.
Tout en continuant les études, Eric nourrit l’espoir de voir grandir la micro-entreprise. Acheter plus de machines, pour couvrir le marché Ouagalais pourquoi pas burkinabè. Il rêve d’un Mac Donald’s ( la plus grande compagnie de restauration au monde spécialisée dans la vente de hamburgers, poulet, frites, déjeuner, sodas…) version burkinabè. Les voyages participent de la formation de l’homme, dit-on. Eric Ky met cette initiative sur le compte de la chance qu’il a de sortir hors du pays pour voir comment les jeunes se débrouillent ailleurs. Il regrette le manque d’initiatives des étudiants et les appelle à entreprendre quelque chose concomitamment aux études pour ne pas tout attendre des autres.
Cheick Tiga Sawadogo
Lefaso.net