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Djamilatou Tondé : De vigile à fondatrice de société de gardiennage

LEFASO.NET

vendredi 8 mars 2019

La sécurité, Djamilatou Tondé en a fait son affaire. Fondatrice d’une société privée de gardiennage et de protection depuis 2013, Espoir Sécurité, cette ancienne vigile est en train de déconstruire les clichés. Portrait d’une femme dans un métier d’hommes.

Dans le milieu de la sécurité où le débat homme-femme se pose avec évidence, le parcours de Djamilatou Tondé est l’exemple type d’une femme courageuse et déterminée. Une fois mariée et après la naissance de ses deux enfants, celle qui avait abandonné ses études en classe de troisième sentit la nécessité de se trouver un emploi pour aider son époux à supporter les charges de la maison. « C’est ainsi qu’un jour, en 2009, j’ai appris à la radio qu’une société de gardiennage recrutait des vigiles. J’ai postulé et j’ai été retenue », se souvient-elle.

Une fois vigile, madame Tondé a dû d’abord faire face aux préjugés avant de se faire accepter. Cela, avec le soutien de son mari et de sa famille. « Au début, le travail n’était pas bien perçu pour une femme parce que c’est un milieu très masculin. A chaque fois que j’empruntais la route à vélo avec ma tenue, les autres femmes se moquaient de moi (…). Une femme gardienne, on n’a jamais vu ça ! Les hommes disaient également que ce n’était pas un travail réservé aux femmes », commente-elle. Pourtant, avec son niveau de la classe de troisième, cette jeune maman avait la possibilité de se trouver un autre emploi.

« J’ai exigé qu’il remette la batterie »

Celle qui a exercé le métier de vigile durant trois ans dit en garder de bons souvenirs, mais n’oubliera pas de sitôt cet employé qui a usurpé une batterie dans un garage dont elle assurait la sécurité. « J’étais chargée de contrôler toutes les entrées et les sorties du garage. Un jour, un collègue a volé une batterie et a pris le soin de laisser l’appareil volé sur un mur du bâtiment. Ayant constaté après sa sortie qu’il était à la recherche d’un support pour retirer la batterie sur le mur, je l’ai pris la main dans le sac et je l’ai convié à remettre l’appareil là où il l’avait pris », raconte-t-elle, soulignant : « Il m’a menacé, mais j’ai néanmoins exigé qu’il remette la batterie et j’ai avisé mon superviseur ».

Son premier contrat

Ne dit-on pas que l’appétit vient en mangeant ? De vigile à fondatrice d’Espoir Sécurité, la passion de Djamilatou pour la sécurité privée s’est développée au fil du temps. En 2013, elle décide de passer à une autre étape de sa carrière en mettant en place sa propre société de gardiennage.

C’est alors qu’un jour, de passage à vélo dans la zone de Ouaga 2000, elle décide de marquer un arrêt devant un chantier en vue de proposer les services de son entreprise. « Vous possédez une société de gardiennage ? Dites plutôt que vous êtes une vigile qui recherche du travail », lui rétorqua le maître des lieux, lorsqu’elle a proposé les services de son agence. Sur son insistance, dame Tondé finit par prendre congé du monsieur en lui remettant son offre.

Ce dernier était chargé de surveiller les travaux de construction de l’entreprise de son frère qui était au Gabon. « Le lendemain, il m’a rappelé et m’a demandé de lui fournir six agents pour assurer la sécurité de deux chantiers dont celui de Ouaga 2000 et un autre vers Kossyam », se rappelle-t-elle.

Ce fut ainsi le début d’une longue collaboration qui, malheureusement, prendra fin au bout de trois ans, au profit d’un cousin de la famille. « Le monsieur m’a fait savoir qu’il allait passer le marché à son cousin qui venait d’ouvrir une société de gardiennage à Bobo », a-t-elle signifié. Puis d’ajouter : « C’est de là que j’ai compris qu’il fallait aussi avoir des relations pour avancer dans ce domaine ».

« Nous n’avons pas encore travaillé pour une entreprise publique »

Forte aujourd’hui d’une soixantaine d’agents dont 17 femmes répartis dans les villes de Ouagadougou, Tenkodogo et bientôt à Bobo- Dioulasso, Espoir Sécurité, selon sa fondatrice, n’a pas encore acquis un seul marché public depuis son existence. « Nous travaillons plus avec les particuliers et depuis que l’entreprise existe, nous n’avons pas encore été retenu pour les appels d’offres publics », a-t-elle noté.

Mais pour la fondatrice d’Espoir Sécurité, il n’y a pas de raison de baisser les bras. Les difficultés, selon elle, seraient entre autres liées à son statut de femme. « Il y a des clients qui ont du mal à me faire confiance parce qu’ils estiment que je n’exerce pas le métier d’une femme », a-t-elle déploré. Puis de poursuivre : « S’il y a des femmes gendarmes ou policières, il est bien possible que des femmes créent une société de gardiennage ».

Convaincue qu’une femme a tout aussi sa place qu’un homme dans la sécurité privée, Djamilatou Tondé convie ses sœurs à aller au-delà des lourds clichés généralement répandus. A ce propos, dit-elle, outre la nécessité de créer les conditions de féminisation du secteur, elle appelle les hommes à soutenir leurs épouses.

Dame Tondé en a fait l’expérience avec son conjoint qui ne cesse de la soutenir. « J’en profite pour remercier mon mari qui a toujours été à mes côtés. Il arrive souvent qu’il m’accompagne la nuit pour aller décanter une situation », confie-t-elle.
Le plus grand rêve de cette amazone, étendre Espoir sécurité sur l’ensemble du territoire burkinabè.

Nicole Ouédraogo
Lefaso.net

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