Pendant qu’il effectuait son service national populaire en 1989 (actuel SND), le centre de formation professionnel de l’information (CFPI) décide de recruter des étudiants titulaires de la licence en Anglais. Arsène Evariste Kaboré et deux de ses camarades sont retenus. La formation se passe à l’institut du journalisme du Ghana à Accra. Au retour, il est affecté à la télévision nationale du Burkina où commence sa carrière de journaliste en juillet 1991. Jusqu’en 1997, il est reporter, spécialiste des questions politiques.
De 1998 à 2003, Arsène est aussi présentateur du journal à la télévision nationale. Voix nonchalante, l’air calme, toujours taquin, Arsène Evariste Kaboré est cumulativement professeur d’Anglais au Centre de formation professionnelle de l’information (CFPI), correspondant associé de l’édition anglaise de l’agence Associated Press (AP) en plus de ses charges à la télévision nationale depuis 2000. C’est en février 2003 qu’il est appelé à la direction de la presse et de la communication de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), poste qu’il occupera jusqu’en novembre 2006. Lorsqu’il revient à la télévision nationale, il assure les rôles de chef d’édition et coordonnateur des grands évènements de la RTB/télé.
En février 2009, suite à un ensemble de changements opérés au sein de la maison, Arsène Evariste Kaboré est nommé rédacteur en chef de la télévision nationale du Burkina. Principal rôle : concevoir des émissions et coordonner l’ensemble des activités de la rédaction. Pas si compliqué, car, déjà, il a été concepteur de plan médias de plusieurs évènements majeurs de notre pays tels que le SIAO, le FESPACO, la SNC… Seulement, le travail devient plus intense maintenant. Le travail d’organisation et de conception des émissions à l’approche des grands évènements lui incombe.
En cas d’échec, Arsène Evariste Kaboré est le premier responsable. Heureusement, ça n’arrive pas tous les jours puisqu’il bénéficie du soutien de l’ensemble de sa rédaction. Ce qui ne l’empêche pas de passer en moyenne 14 heures au bureau par jour (de 8h30 à 22h30). « Quand on réussit un évènement, j’oublie tout ce temps passé au bureau, mais quand vient l’échec, souvent je prends plusieurs jours pour me remettre car je considère cela comme un échec personnel », confie-t-il.
Pardon pour la torture
La pression est très forte et vient d’abord de l’intérieur de la maison, puis des téléspectateurs qui veulent voir absolument le programme qu’on leur a proposé. Au niveau politique, pas tant que ça. On nous répercute les évènements mais on ne nous impose pas ce qu’il faut faire.
L’autre difficulté, la plus angoissante d’ailleurs, c’est l’insuffisance du personnel au regard de la mission assignée à la RTB. Avec le chevauchement des évènements nationaux majeurs, Arsène Evariste Kaboré se voit obliger de torturer presque ses agents tellement le travail qu’il leur demande est énorme. C’est un travail intellectuel qui se prépare. « J’ai donc demandé un effort supplémentaire à mes gars et moi-même je leur ai demandé pardon pour ce que je leur fais subir », dit-il en parlant de la campagne présidentielle, le SIAO, la SNC, le cinquantenaire, a FILO… qui se sont déroulés en l’espace d’un mois. « S’il y a d’autres hommes pour nous appuyer, je les accueillerai les bras ouverts », souligne-t-il. Malheureusement, ce n’est pas lui qui décide à ce niveau.
Absorbé par le travail, très souvent, « je demande à ma famille de me comprendre et je fais des efforts pour être auprès d’eux autant que possible pour ne pas tuer mes relations amicales et même familiales ». « Ce n’est pas facile d’être en train de chercher à satisfaire les téléspectateurs et conserver ses relations sociales », reconnait-il. En plus de ses activités de rédacteur en chef de la télévision d’Etat, Arsène Evariste Kaboré est enseignant d’Anglais à l’ISTIC.
Il assure également des cours de pratique de télé aux étudiants de communication et journalisme de l’université de Ouagadougou, sans oublier les cours qu’il dispense à Apidon. Mais, le plus anglophone de la RTB/télé apprend toujours. Il fait actuellement un Master II en communication des entreprises à l’IAPM (Institut africain de professionnalisation de management). Ce qui lui laisse très peu de temps.
La politique ? Il affirme ne pas s’y connaître. Mais l’associatif, oui. AEK a milité dans l’Association des journalistes du Burkina (AJB). Il milite toujours dans l’association des anciens étudiants des USA du Burkina… On ne regrette jamais d’avoir été journaliste, mais on n’y vient pas pour se faire de l’argent. Dernière chose : qu’ils ne se trompent pas d’image. Le journaliste télé, c’est celui-là qui se présente toujours à l’écran en veste et cravate mais c’est quelqu’un qui sait adapter ses revenus en fonction de son boulot et de ce qu’il doit faire. Sa garde robe est importante car c’est ce qui vient soutenir son travail. Il faut venir pour la passion et non pour être riche. Conseils du rédacteur en chef de la télévision nationale à ceux qui voudraient embrasser cette profession.
Moussa Diallo
Faso-tic.net