2005 est l’année où elle a intégré la télévision Canal 3 après un stage théorique et pratique de quatre mois. « Ce fut un stage coriace », se souvient-elle. Si fait que certains de la cinquantaine de stagiaires retenus ont lâché prise avant la fin. Le b.a-b.a du journalisme, les tournages, les montages, les reportages télés, sont entre autres, les matières qui ont été dispensées en quatre mois. Voilà donc Raïssa, journaliste/reporter d’images (JRI). Sur moto avec sa caméra et tout le matériel nécessaire, elle va partout où le devoir l’appelle. Après les reportages, c’est encore elle qui fait le montage pour la diffusion. « Un métier passionnant, mais contraignant », dit-elle. La JRI, contre vents et marées, et très souvent seule au milieu d’hommes, a su développer son talent. Titulaire d’une maîtrise en gestion des administrations et des entreprises, d’un BTS en banque et assurance, elle s’y connaît dans l’hôtellerie, la décoration et plusieurs autres petites activités.
De Canal 3 à Africable
« Faire seulement trois mois dans une télévision comme Canal 3 est très important pour un journaliste reporter d’images », souligne-t-elle. Parce que pour Raïssa, il faut être une « guerrière » pour pouvoir travailler dans cet organe de presse. Car en plus des conditions difficiles, le stress et la pression sont au rendez-vous. Mais, « lorsque tu quittes la chaîne, tu es dans le paradis », a reconnu Raïssa. Aussi, après avoir quitté Canal 3, deux semaines ont suffi pour qu’on lui propose des offres d’emploi, et pas des moindres. « J’avais six propositions », nous confie-t-elle. Des offres qu’elle met au compte du bon travail qu’elle faisait dans son ancien poste. « Quand tu travailles bien, tu ne peux pas manquer de quoi faire », conseille-t-elle. A la télévision panafricaine depuis 2010, elle avoue que c’est une grande porte pour elle. « A travers ladite télé, j’ai découvert le Burkina, l’Afrique et le monde pour avoir participé à plusieurs caravanes. Je dis merci à Africable ».
Difficultés
Raïssa situe les difficultés des femmes journalistes au niveau des stéréotypes. « Beaucoup de personnes s’abstiennent de travailler avec les femmes parce qu’ils doutent de leurs capacités ». En plus, il y a les harcèlements sexuels dont elles sont victimes dans le milieu. « Que ce soit des autorités, des personnalités de marque ou même des collègues journalistes, les avances ne finissent jamais ». En effet, la femme journaliste doit faire le double du travail des hommes pour se faire une place. Si elle doit affronter le côté professionnel, elle doit le faire également sur le plan purement social. C’est un métier contraignant et prenant. Si fait qu’on n’a pratiquement pas le temps. En plus du journalisme, Raïssa est artiste chanteuse et mène d’autres activités parallèles.
Projets
Raïssa, JRI s’investit actuellement dans le journalisme d’investigation. Elle a bénéficié d’une bourse du programme pair des Pays-Bas. « J’en suis heureuse et je voudrais remercier tous ceux qui m’ont soutenue », a-t-elle dit. Elle voudrait aussi sortir un album parce qu’elle estime que le journalisme et la musique ne sont pas incompatibles, bien au contraire. Surtout qu’il s’agit de musique engagée qui est également un moyen de transmission de messages.
La femme à son avis se fait elle-même. Elle peut user de l’incroyable flamme qu’elle possède et être ce qu’elle veut. « Nous avons des valeurs que nous devrions exploiter afin de nous autosuffire ». Aussi les femmes doivent comprendre que le temps de l’assistance est terminé.
Raïssa, Maguy Leslie Oka et Faso Académie
Il faut rappeler que Raïssa est la toute première candidate de Faso Académie, pour ne pas dire qu’elle est l’une des initiatrices. Elle raconte : « J’ai rencontré Maguy lorsqu’elle était encore à la radio Arc-en-ciel. Très souvent, on chantait ensemble. On discutait également sur plusieurs sujets. A l’époque, nous avions dénommé l’émission Karaoké de Maguy. Avec Mamadou Bayo, nous animions l’émission et c’était très intéressant. De « Karaoké », l’émission a pris un autre nom qui est aujourd’hui « Faso Académie ».
Je n’ai pas voulu participer à la première édition parce que je ne voulais pas être vue à la télévision. Je ne voulais pas être une star et je ne voulais pas faire de la musique un métier. A la deuxième édition, elle a insisté à ce que je participe. Chose que je n’ai pas refusée ». Pour les premières éditions, les lauréats bénéficiaient juste de production. Ce n’est pas comme maintenant où on leur donne des cachets à hauteur de trois millions. Puis comme pour se souvenir, elle a gardé un précieux instrument de cette compétition, sa toute première guitare.
Bassératou KINDO
L’Express du Faso